24 août 2006

Albert


un de ces braves gars, il vient de fêter ses 80 berges.
dès la fin de l'été, il laisse pousser sa belle barbe blanche, si bien qu'il y a des imbéciles dans cette ville qui l'appellent "Papa Noël"... lui qui va même pas à l'église, c'est un comble. mais bon, ça le fait plutôt rigoler. heureusement, d'ailleurs, parce que malgré son âge respectable, il vaudrait mieux ne pas risquer de se prendre une baffe, il a encore une sacrée poigne.
un solide, quoi. il me raconte sa vie, j'ai l'impression qu'il en a vécu au moins trois. à tel point qu'on pourrait se demander s'il serait pas un peu mytho. en fait pas du tout. je suis sûr que tout ce qu'il raconte est vrai. il raconte son enfance dans les montagnes fribourgeoises, ses multiples activités, fromager, bûcheron, cuisinier à l'armée, et ses amours, ses enfants, ses joies et ses peines...
et je l'écoute, parce que même s'il se répète, parfois, il est toujours captivant.
mais je vais pas raconter ici toutes ses histoires, qui mériteraient un blog rien que pour elles, non non, mieux vaut le rencontrer en vrai.
rendez-vous au café du Midi...

10 août 2006

especially for Lara


chère Lara voilà la tronche du "lil' birdie" à peu près à l'époque où il était amoureux de toi...

09 août 2006

l'info du jour

(ouf)
Pierre-Alain Dupuis ne commentera plus les matches de l'équipe de suisse de foute.
alors ça, ça fait vraiment plaiiisiiiir!!! je me rappelle de quelques phrases d'anthologie pendant le mounedial, qui lui auraient largement valu de se faire reléguer comme planton à l'entrée du bâtiment de la TSR... malheureusement le communiqué ne dit pas la raison de cette décision. on peut imaginer n'importe quoi...

01 août 2006

dieu


depuis environ 25 ans, y'a un type qui me suit.
c'est à dire qu'il apparaît régulièrement dans mon champ de vision, quelque soit le lieu et la circonstance. certaines fois je me dis que c'est un rêve, qu'il n'y a que moi qui le voit, et quand j'en parle aux gens qui sont avec moi ils le voient aussi, sauf qu'à eux ça leur fait pas le même effet.
peut-être même que ça fait plus de 25 ans et qu'auparavant je m'en rendais pas compte.

je me rappelle pas de la toute première fois où je l'ai vu, mais ça devait être au café des alpes, à Martigny. dès l'âge de 14 ans, j'allais régulièrement y boire des coups, un petit bistrot plein de souvenirs de copains, de copines, de flippers, de branlées mémorables, de travaux de français ou de maths bâclés à 9h du matin quand Gilbert Amoos, mon prof principal, trouvait le courage de me renvoyer à la maison chercher mes devoirs "oubliés"...
bref ce bistrot, en fait, c'était mon bureau, l'endroit où on pouvait m'atteindre à n'importe quelle heure (à l'époque y'avait pas de téléphones portables), et justement dans ce bistrot, quelques fois, y'a eu ce drôle de type qui venait boire un verre de temps en temps, petit, un peu rondouillard, très digne, très droit, engoncé dans un costume noir gilet-cravate-mallette, je dirais la cinquantaine à l'époque, petite moustache mal fagotée, il semblait venir d'un autre monde ou d'une autre époque, ne lui manquait que la chaîne de montre et le monocle, il buvait son coup de rouge, et quand il se lançait dans ses théories, il faisait chier tout le monde, vraiment le gars pénible, avec sa petite voix haut perchée et éraillée de vieux mickey, on aurait dit qu'il parlait à travers un anus artificiel. son cheval de bataille semblait être le conflit linguistique qui sépare les suisses. il causait, il causait, il semblait surtout revendiquer on ne sait quoi, mais avec véhémence, tant qu'il avait de la peine à reprendre son souffle et qu'il s'étranglait dans ses mots. le gueulard mega-grave. il me faisait pitié.

aux Alpes, je l'ai vu deux ou trois fois, ça portait pas vraiment à conséquence, c'était un peu le bistrot de tous les tarés du coin et autres marginaux. là où ça sent le surnaturel c'est que par la suite j'ai commencé à le croiser de plus en plus souvent, à des endroits parfois incongrus, du style le buffet de la gare à Altdorf ("Mais kessk'il fout là celui-là ?") et le plus souvent dans le train, qui me menait soit à Bâle, soit à Bienne, ou au retour, et même ailleurs, dans des lieux où je m'attendais pas du tout, style un concert avec les Glen à Schwarzenburg, une pièce de théâtre à Gwatt, etc... ça a duré des années.

un jour dans le train, il est venu s'asseoir en face de moi, cherchant quelqu'un à qui exposer sa manière de voir les choses. je me suis dit "voyons voir finalement où il veut en venir avec ses conneries". après deux minutes je m'en mordais les doigts, m'étant rendu compte que son but était simplement de contrarier quelqu'un, n'importe qui, celui qui se trouverait sur son chemin, en l'occurence, ce jour-là, MOI, et ce fut assez chiant. il était entré à Lausanne et j'ai pu respirer lorsqu'il est sorti à Yverdon. j'avais fait celui qui est d'accord avec tout, mais lui il avait envie de rester fâché...

depuis ce jour, j'ai continué de le croiser, mais évidemment je l'évitais soigneusement, en prenant systématiquement toute la place pour l'empêcher de s'asseoir en face de moi. Et un beau soir, alors que je soupais dans la voiture-restaurant, ce con est venu se mettre trois tables derrière moi et bien entendu il est reparti dans ses théories. ça faisait longtemps que je me demandais ce que ce gars pouvait bien foutre dans ma vie, je me disais que ça pouvait être mon ange gardien... j'étais tranquille en train de manger, et lui divaguait tout seul, au fond du wagon, je l’écoutais d’une oreille distraite, mais amusée, “quand je suis à Lausanne, je parle français !... et si je suis à Altdorf, iche rédê chvitzertûtche !... e quando sono a Mendrisio...” jusqu'à ce qu'un autre client s'emporte et sorte sa grosse voix : "écoutez, maintenant ça suffit, ça fait depuis Neuchâtel que vous faites CHIER tout le wagon avec vos CONNERIES, j'en ai assez entendu, taisez-vous et laissez-moi manger en paix, monsieur". l'autre s'interloqua, tout étonné que quelqu'un réagisse enfin, s'engouffra dans la brèche, joua l'indigné, “mais comment ?!? vous ne comprenez pas ce que je veux dire ?!...” c'était du délire, moi je me taisais, prenant mon air détaché 23bis, je fis celui qui s'intéresse à autre chose, mais évidemment, je ne pouvais que suivre ce qui se passait dans le compartiment, donc les deux protagonistes commencèrent à s'engueuler méchamment, jusqu'à ce que le contrôleur, le genre vieux poivrot à deux ans de la retraite, vint à passer. d'un coup d'oeil il jaugea la situation et d'une voix rocailleuse et traînante il s'adressa à mon énergumène : " maiiiis René, arrête, Renééé, tu 'ois pas qu't'emmerdes tout l'monde, alleeeez, Renééé, faut pas faire chier, comme ça, allez, viens là, bois un verre, vous inquiétez pas, il descend à Yverdon, allez Renééé, fais pô chier, quoiiii, putain t'es chiant, Renéé". déjà que je trouvais vraiment très louche de croiser si régulièrement un gars comme ce fameux René, là, à ce moment précis, ce fut pour moi une révélation : en fait ce type c'était DIEU. Dieu qui descendait sur terre pour me mettre à l'épreuve !

donc voilà. j'ai ainsi découvert la vérité ultime qui régit le monde :
DIEU EST UN PETIT CON MOUSTACHU QUI S'APPELLE RENE.
depuis que j'ai découvert la vérité, je le croise de moins en moins souvent, Dieu. il est sûrement en train de mettre quelqu'un d'autre à l'épreuve, et, oserai-je l'avouer, je m'en porte pas plus mal.
jusqu'à il y a 2-3 jours. je buvais un verre au café du Midi (qui est mon bureau actuel), avec Julien, lorsque DIEU est entré. il change pas d'un poil... juste un peu plus rabougri, un peu moins rond, mais je le reconnais bien, c'est lui... ça fait presque plaisir, c'est même presque rassurant...
nom de dieu...
alors quand il est parti je l'ai pris en photo avec mon téléphone portable, mais pas de face, c'est interdit (mais sa silhouette est reconnaissable entre mille)