24 juillet 2006

40 balles pour une chanson.

ce qu'il faut savoir, c'est que c'est un forfait, ça veut pas dire 40 balles LA chanson.
les sociétés de musique, fanfares, chorales, et les écoles par exemple, paient un forfait valable pour un temps déterminé, pour le droit d'utiliser n'importe quelle musique dans le cadre de leurs activités. ça leur permet de se servir dans le répertoire (TOUT le répertoire) sans avoir besoin de compter les centimes à budgéter... si pour chacune des chansons jouées ou diffusées, il fallait remplir une fiche, et payer précisément au centime près (c'est comme ça que ça se calcule) les droits de chaque ayant-droit c'est à dire compositeur(s), auteur(s) du texte, arrangeur(s), éditeur, sous-éditeur, il en résulterait tellement de frais administratifs que ça reviendrait beaucoup plus cher! c'est pour cette raison que les sociétés d'encaissement des droits d'auteurs comme la suisa ou la sacem se "contentent" de ce système de forfait beaucoup plus simple et moins onéreux.
et maintenant parlons de ces droits d'auteurs. certains disent qu'il est inadmissible de faire payer des droits d'auteur à des établissments scolaires qui les utilisent à des fins non commerciales.
la réponse du colonel sponjz: j'ai fait une jolie chanson: tu paies. (et si ma chanson fait plaisir à plus de gens que celle de mon voisin de palier, tu paies la même chose, mais je reçois plus d'argent. c'est logique)
lorsqu'un être humain sur cette bonne vieille planète a une bonne idée qui fait soit plaisir, soit avancer le schmilblik, il est normal d'en rémunérer son auteur... c'est le fruit de son travail, du temps passé à le réaliser, il en fait profiter tout le monde, et de plus l'idée en question génère de l'argent! et quand je dis tout le monde, ça veut pas dire tous les contribuables, ça veut dire tout le monde du berceau au cercueil.
et de plus il y a des gens qui s'offusquent du fait que ces droits se paient jusqu'à 70 ans après la mort de l'auteur...
alors voilà une petite comparaison: j'ai un pote qui a fait un apprentissage dans une banque. actuellement il gagne tellement d'argent qu'il m'a avoué en avoir honte. pendant toute sa vie il va lui faire faire des petits, à cet argent, du à ses compétences et à son expérience dans le domaine de la finance: je dis bravo, joli coup! de l'argent dont il ne profitera lui-même qu'en partie, puisqu'il a une famille et que cet argent permettra à sa descendance d'être mieux armée que certains autres (comme moi par ex.) dans la vie. et ça personne ne s'en offusque, c'est normal. mon ami banquier va faire profiter plusieurs générations de son "art", ses enfants, petits enfants, et plus encore si personne ne fait de conneries... et même! j'ai un autre pote qui a dilapidé la fortune paternelle en fêtes, noces en tous genres, avant de se ranger, et il a encore bien assez de fric pour voir venir sereinement son avenir et celui de ses enfants...
dans le domaine de la culture, c'est un peu la même chose, un peintre qui fait une jolie toile en fait profiter sa famille et par extension la planète entière, et pas seulement sa propre génération, mais également les générations postérieures, et de ce fait, sa toile prend de la valeur...

à l'heure actuelle, les artistes, entendez le créateurs de musique, sont prétérités par le problème de la gratuité de la musique téléchargeable sur internet. en fait c'est surtout leurs maisons de production qui voient leur petit monde patiemment construit se désagréger, fondre comme neige au soleil. alors les artistes, pour se rattraper, augmentent leurs cachets. explication: autrefois, on produisait un support sonore qui rapportait beaucoup d'argent, sous l'effet de la tournée de concerts promotionnels qui, elle, ne rapportait pas grand'chose, quand elle n'était pas carrément à perte pour toute la production. en un mot, les artistes gagnaient de l'argent sur les ventes de disques et en perdaient sur les concerts (ce qui est selon moi complètement illogique, la fonction première d'un musicien étant de se produire devant son public), mais ça créait un équilibre financier qui est en train de se casser la pipe. oui, heureusement, tout ceci est en train de changer: aujourd'hui on voit se dessiner l'inverse. un disque est rélégué à sa fonction première: de la pub gratuite. et l'artiste doit se sortir les pouces pour aller montrer l'étendue de son art au public, en direct.
dans les années 80-90 une quantité de branleurs ont pu se faire leur place au soleil, aidés - voire supplantés - qu'ils étaient par la technique, sans avoir besoin de prouver quoi que ce soit. j'espère sincèrement que ce sera bientôt fini, et que le public (qui est en quelque sorte le dieu des musiciens) reconnaîtra la valeur de ceux qui le méritent, sur scène...
le génie n'existe pas. il n'y a que du travail et l'opportunité d'être là au bon moment. et ça a un prix, comme pour n'importe quel autre job. simplement pour permettre aux musiciens de vivre, et qu'ils puissent continuer de procurer de la joie et du délassement à ceux qui en veulent.
40 balles pour une chanson.
le jour où j'ai lu cet article, sur la table de la cuisine chez moi il y avait deux mises aux poursuites.
et puis quoi? il y a bien des gens qui doivent payer pour aller voir une montagne s'écrouler (comme si c'était l'office du tourisme du coin qu'avait posé la dynamite...) alors "Adieu monsieur le professeur" d'Hugues Aufrey, ça vaut bien 40 balles...
voilà aujourd'hui où j'en suis de mes réflexions lorsque je lis un article comme ça (c'était dans le Matin de ce dimanche)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour la petite histoire, il y a quelques années, un musicien de nos contrées (non pas le jeune Valaisan talentueux, mais un autre plus vieux) a refusé de me payer un droit d'auteur pour la photo principale de son CD, argumentant que "tout le monde peut faire des photos"...

Et une autre personne a piraté mes photos pour les mettre sur son site. Sans aucune autorisation ni dédommagement bien sûr.

Artistes photographes et musiciens, tous dans le même bateau et les mêmes problèmes sur internet.

Avec toute ma compassion mon cher Xa.

Moi j'ai changé de job, ça ne changera rien à l'Histoire de la Photo. Toi, continue!

bises et à bientôt, en principe le 4 août à Sierre.